J’ai testé pour vous : l’urban trail (sans entraînement)

Ouep, j’ai testé ça ce week-end. Ne me remerciez pas.

Petit récap. Il y a 2 ou 3 mois, quand on a appris que l’organisateur du Trail de la Côte d’Opale en prévoyait un tout nouveau, tout beau et nocturne dans la ville de Boulogne sur mer 2 semaines avant Noël, on a dit « azy pourquoi pas ». L’inscription s’est faite en famille et sous l’influence de l’alcool, après l’apéro. Je te vois déjà faire le lien entre Boulogne sur mer et l’alcool, mais tu te trompes. Tu comprendras plus tard. On a choisi la rando, parce qu’il nous restait quand même un peu de lucidité et qu’on ne savait pas du tout à quoi ressemblait un trail urbain, nocturne et de surcroît hivernal.
Maintenant, on sait. Un trail urbain, ça ressemble à l’enfer. Un enfer interminable pendant lequel tu ne cesses de te demander : « Mais qu’est-ce qui m’a pris ? ». Le TCO se déroule sur la plage, dans les champs et dans les dunes. Ça grimpe, ça plonge, ça s’enfonce, t’y laisses un genou, certes, mais ta respiration reste relativement sauve. Un trail urbain nocturne dans une ville qui compte autant de rues montantes que sa plage de grains de sable, c’est un suicide.

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Et ça, plus on approchait de la date fatidique, plus je le sentais. Que je le sentais pas. La motivation à environ -12 000, j’ai continué ma routine sportive tranquillou pépère : yoga, apéro, étirements, muscu, apéro, étirements, yoga, muscu, apéro. J’avais la flemme d’améliorer mon endurance, OUI OUI OUI je l’avoue. Je l’ai entretenue comme je vis ma vie : tranquillou pépère. Surtout pas trop me brusquer, ça va aller, c’est qu’une rando et c’est que 10km, en famille, suis pas partie courir le 18 dans les dunes, oh !

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Ah ah ah. En fait, j’y pensais un peu, à toutes ces côtes et séries d’escaliers par lesquelles le parcours pouvait nous faire passer : dans c’te ville, t’as l’embarras du choix. Mais j’ai préféré ne pas m’attarder sur le sujet, ne pas trop examiner le parcours et manger un wrap bacon-avocat-chèvre le midi, tu vois. Et j’ai eu tort, parce que j’ai eu à peu près 10km de trail et 29km d’escaliers pour le regretter.

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Le coup d’envoi a été donné samedi soir à 19h30, dans le noir et la bonne humeur. Dire que la semaine d’avant, même jour, même heure, même pomme, j’en glandais pas une ! On a commencé par une bonne montée, pour se mettre dans l’ambiance. Avec une pointe d’appréhension, tout de même, parce qu’à ce moment-là, je me demande déjà si j’ai pas fait une grosse connerie, de ne pas m’entraîner comme il faut. Surtout, je me rends compte que j’ai pas mis les bonnes baskets et que mes mollets tirent déjà. On a visité les remparts, dans lesquels nous attendaient plusieurs escaliers, en long en large et en travers pour se mettre en jambes. Puis on en est sortis et c’est là que j’aurais dû m’enfuir.
Parce qu’en en sortant, on a descendu une rue pour se retrouver environ face au même un mur d’escaliers que ceux de Montmartre. J’ai dit « nan, là maintenant ? », mais personne n’a entendu. Tout le monde a attaqué la première série (sur 10) de 15 marches avec l’enthousiasme énervant des participants de Fort Boyard. Moi, je trouvais ça un peu exagéré, comme entrée en matière, mais bon, allons-y. Les 1999 autres ont moins fait les malins quand il a ensuite fallu grimper 4 fois 80 marches hautes de 45cm entre deux côtes assassines. Mes pauvres fesses. Mon pauvre souffle. J’ai appris qu’on n’avait aucune chance de tenir un rythme régulier, dans un trail urbain. Notre seule chance, c’est d’éviter la crise d’asthme sans être asthmatique. Je vous épargne toutes ces rues qu’on a descendues seulement pour mieux les remonter ensuite. À côté de ça, la sortie piétonne de la station Abbesses, à Paris, avec un sac de courses et une gueule de bois, C’EST DU PIPI DE CHAT.

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Ce sont les derniers escaliers qui m’ont achevée. D’où ils sortaient, d’abord ? Je suis née dans cette ville, j’ai grimpé pas mal, mais ceux-là, chui quasi sûre qu’ils ont été construits spécialement pour nous et j’aime pas trop ce genre d’attentions. Au 8è kilomètre, alors que je me remettais difficilement des 89 marches que mes jambes venaient juste d’escalader et que je remettais enfin les deux pieds sur du plat, je les ai vus. La vision de ces autres escaliers coincés entre 2 murs, à 2 mètres de moi, m’a persuadée que mon souffle allait définitivement me quitter dans cette ruelle étroite et sombre, au beau milieu d’une foule puante, fluorescente et devant des riverains encourageants et se demandant tout de même pourquoi des humains s’infligent ça.

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J’ai vu leurs regards ébahis, dubitatifs, admiratifs et entendu leurs propositions de bières bien fraîches pleines de bienveillance. (L’avantage de faire un trail dans le PDC). J’ai envisagé une pause après la 5è série, mais, pas sûre de pouvoir repartir ensuite, j’ai préféré continuer. Y avait encore 1000 participants derrière moi et, même s’ils étaient désormais tous KO et à la marche, je ne voulais pas causer d’embouteillage. L’idée de ralentir doucement pour me faire pousser par les gens derrière moi m’est venue à l’esprit, mais on ne se refait pas : je veux vérifier ma capacité à en chier, sportivement et cardiaquement parlant. À ce stade-là, je sais trop que c’est juste grâce à la capacité qu’a notre cerveau de faire les choses par automatisme et de ne plus réfléchir, pour ne plus souffrir, que j’avance encore. Alors, mourir pour mourir, autant claquer en haut, sans mains étrangères sur les fesses.
À 21h10, en arrivant enfin sur du plat et en voyant la ligne d’arrivée, j’ai pensé à Carrie.

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Et à Gigi parce que j’aurais pu m’effondrer un peu comme ça, aussi.

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Et je me suis un peu insultée. Si vous participez à un trail urbain, en rando de 10km, ne pensez pas que vous pouvez y aller tranquillou sous prétexte que vous n’aurez pas à courir. Je me suis arrêtée, baissée, plaint. J’ai remercié mon cœur de battre encore, étiré mes pauvres quadriceps souffrants et senti mon corps entier se demander ce qui venait de lui arriver. À J+2, j’évite de rester assise dans le canapé plus de 10 minutes d’affilées pour pouvoir remarcher normalement ensuite. En fait, ne rien faire de son samedi soir, c’est pas si mal. Et plus agréable à tester.

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